Article paru dans le bulletin Peymeinade-Info (n°82)


Le Canal de la Siagne à ciel ouvert

Le canal de la Siagne a été construit en 1868 pour pallier le manque d'eau exacerbé par le développement économique et démographique du XIXe siècle.
Entre Saint-Cézaire et l'usine de traitement des eaux de Nartassier au Cannet, sur une longueur de 44 kilomètres, le canal de la Siagne serpente à travers une région accidentée dont les sentiers fleuris attirent toute l'année un grand nombre de promeneurs et sportifs.
Le jeudi 27 juin à Peymeinade, une réunion d'information était organisée conjointement par M. le maire, le Sicasil (syndicat propriétaire du canal) et la Lyonnaise des eaux. La Lyonnaise des eaux et le Sicasil ont confirmé leur intention de couvrir le canal sur une longueur de 250 m, au niveau du quartier des Jacourets à Peymeinade dès octobre 2002. Plusieurs secteurs ont été couverts à Grasse, à Saint-Cézaire et au Tignet. L'argumentation porte sur les risques de pollution liés au ruissellement des eaux et à la chute d'un véhicule dans le canal.
En contrepartie, le Sicasil propose un aménagement paysager, mais n'en assurera pas l'entretien. Dans ces conditions, la commune de Peymeinade devra soit en supporter les coûts importants, soit s'en désengager et cet aménagement deviendra une friche.
M. Michel TANI, directeur du Sicasil, a expliqué d'une manière péremptoire que les risques de pollution étaient tels que cela justifiait sans aucun doute le projet de couverture.


De quels risques de pollution s'agit-il?

Passons en revue les arguments invoqués par M. TANI.

  • Le risque de déversement accidentel à partir d'un transport de produit chimique: il s'agit d'une zone urbaine, non industrialisée, le trafic de produits chimiques peut donc être considéré comme nul.
  • Leplomb: M. Tani ignore probablement que le plomb tétraéthyle, additif anti-récession des soupapes (ARS) a été remplacé dans le super dit "plombé" par un additif à base de potassium depuis le 1er janvier 2000. Il ne représente plus une source de pollution notable.
  • L'arsenic: typique d'activités industrielles spécifiques ou agricoles (utilisation de certains engrais et pesticides), on ne le retrouve pas en zone urbaine sauf conditions géologiques particulières.
  • Les hydrocarbures: s'agissant d'une zone de circulation automobile peu intense, les hydrocarbures provenant de fuites ou de combustion imparfaite ne représentent pas a priori une source importante de pollution. En outre, l'ensoleillement important de nos régions contribue largement à une élimination par évaporation et photo-dégradation.
  • Les déjections canines: nos amis les chiens délaissent en général les routes goudronnées ouvertes à la circulation pour satisfaire leurs besoins naturels !
  • Les résidus laissés lors des pique-niques ou promenades: comme plusieurs personnes l'ont fait remarquer, les flâneurs ne sont pas des pollueurs invétérés, l'état de propreté du canal et de ses environs l'atteste.
  • Enfin, le risque de chute d'un véhicule: sur ce point, le public présent a fort justement argumenté en proposant l'installation de glissières ou murets qui seraient bien moins coûteux que les 20 000 F* (sic) par mètre linéaire annoncés pour la couverture du canal. Et puisque aux dires du représentant du Sicasil les risques ont été abordés d'une façon mathématique, quelle est la probabilité de chute d'un véhicule sur cette portion du canal de 250 mètres ?


Nous estimons que la construction de talus, de murets, voire de caniveaux est possible et permettra de mieux répondre à certains de ces problèmes. C'est d'ailleurs la conclusion à laquelle est arrivée la ville de Grasse dans des situations similaires. Enfin, l'entretien correct des abords du canal dégagerait autant d'exutoires naturels pour l'écoulement des eaux de pluie.
Le vice-président du Sicasil a accepté que nous lui fournissions une étude de faisabilité de notre projet de murets. Nous lui en sommes pleinement reconnaissants, et nous espérons vivement pouvoir travailler efficacement avec lui. Les technocrates de la Lyonnaise des eaux et du Sicasil ont en revanche développé une position intransigeante et incohérente sur le principe de la couverture, et méprisante vis-à-vis du nombreux public qui s'est exprimé avec sincérité sur le sujet.
Il nous a été dit que la couverture était motivée par le souci de préserver la qualité de l'eau. Mais, quand nous avons demandé à la Lyonnaise des eaux et au Sicasil pourquoi dans ces conditions ils ne couvraient pas en priorité la partie du canal qui jouxte Orgasynth à Grasse, dont les cuves de produits ont débordé par deux fois dans le passé - selon les termes mêmes du directeur de la Lyonnaise des eaux - plutôt que le secteur des Jacourets, aucune réponse n'a été donnée
M. TaniI a clairement indiqué que le problème n'était pas de savoir s'il fallait couvrir le canal mais si le projet paysager convenait. En effet, les exploitants du canal " ne peuvent tenir compte des données culturelles et sentimentales, du fait de leur mission qui est de livrer de l'eau potable 365 j/an et 24 h/24 ". Nous répondons que leur argumentaire pseudo-scientifique n'est pas pertinent et leur demandons d'apporter des preuves concrètes et chiffrées de ces affirmations.
Nous souhaitons que M. le maire s'oppose à la couverture du canal, et écoute les citoyens soucieux de préserver leur patrimoine et leur cadre de vie.


200 mètres aujourd'hui, combien demain?

Nous demandons à la Lyonnaise des eaux et au Sicasil de revenir sur leur décision injustifiée et dommageable pour notre cadre de vie, et celui que nous voulons léguer à nos enfants.
N'hésitez pas à nous faire part de vos avis et commentaires dont nous nous ferons l'écho auprès des instances et personnes décisionnaires.

Auteurs de cet article : François Gauthier et Jean-Marie Serreau

*Euro 3500.00

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